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Photo du rédacteurJean-Luc Wertenschlag

Le café Atlantik fête ses 40 ans à Freiburg avec Rodolphe Burger

Dernière mise à jour : il y a 18 heures

Café Atlantik, Freiburg-im-Breisgau, Deutschland, 1er décembre 2024. Concert solo de Rodolphe Burger pour sa première fois en Allemagne à presque 70 ans, qui prépare par ailleurs la prochaine édition du festival "C'est dans la Vallée" en octobre 2025 à Sainte-Marie-aux-Mines en version transfrontalière et trinationale labellisée Dreyeckland. La bonne opportunité pour une interview du patron de l'Atlantik Ivor Thiel, parfaitement francophone, à l'occasion de l'anniversaire des 40 ans du club historique de la Schwabentor.


Propos recueillis par Jean-Luc Wertenschlag pour Europop, Radio Quetsch et WNE. Photos Dorian Rollin.


Rodolphe Burger (photo Dorian Rollin)


  • Peux-tu te présenter ?


  • Mon nom c'est Ivor, je suis au Café Atlantik depuis bien des années. Et je suis bien content qu'on puisse fêter nos 40 ans.


  • Tu étais là au tout début ?


  • Non, j'ai commencé en 1986 ou 1987 à la cuisine, quand je faisais encore mes études. Plus tard, j'ai travaillé au bar, puis j'ai organisé des concerts, ça a grandit peu à peu, et en 1996, j'ai racheté l'endroit, alors que je le gérais déjà un peu.


  • Faisons un peu d'histoire... Commençons par Radio Dreyeckland, puisque tes premières aventures culturelles en France, c'était dans les années 90, me semble-t-il ?


  • Oui, c'est exact, j'ai commencé à Radio Dreyeckland Freiburg, c'était encore une radio pirate, il fallait toujours enregistrer les émissions sur cassette, et l'un de nous diffusait en cachette les émissions une à une. Avant que Radio Dreyeckland Freiburg devienne une radio libre et officiellement autorisée, à un moment, la police a confisqué l'émetteur, et donc on n'était plus capables de faire des émissions à partir de Fribourg. Alors on est allés à Radio Dreyeckland Colmar pour faire notre émission, ça a duré environ un an, et même quand RDL Freiburg a repris la diffusion FM, on a continué à faire notre émission à Colmar aussi, parce que ça avait du succès, il y avait beaucoup de gens qui venaient nous rendre visite à Colmar, au studio de la rue Peyerimhoff. Plus tard, on a même créé un fanzine bilingue en allemand et en français, Glasnost, un fanzine musique, plutôt wave, électronique des années 80.


  • 40 ans de Café Atlantik, cela représente des centaines de concerts. Mais pourquoi faire des concerts ? Il y en avait déjà partout à Freiburg!


  • Oui, mais le concert a toujours été, pour moi, la raison pour laquelle travailler ici. J'ai choisi de gérer cet endroit pour y faire des concerts. Avant que le café Atlantik m'appartienne, j'organisais déjà des concerts un peu partout, à Bâle, à Strasbourg, j'ai déjà organisé un concert avec des copains au Grillen à Colmar aussi, un peu partout à Freiburg, à Jazzhaus, au Cräsh, à Kirchzarten, à Lyot. On a toujours cherché des endroits où faire des concerts. Ici à Atlantik, c'était l'opportunité de pouvoir faire des concerts régulièrement. J'aime la musique, j'ai travaillé en tant que DJ, pour moi la musique live, c'est là où la musique vit, et il y a de moins en moins d'endroits où on puisse faire des concerts. Quand j'ai commencé à Fribourg, il y avait plein de bars, de clubs avec de la musique live. Aujourd'hui, il est de plus en plus difficile d'ouvrir un endroit où la musique live puisse exister, parce que les contraintes sont de plus en plus grandes. et je pense que c'est pas seulement à Fribourg, c'est un peu partout.


  • Justement, j'ai rencontré plusieurs Fribourgeois qui m'ont dit « c'était mieux avant », avec une certaine nostalgie, une mélancolie peut-être liée à la disparition de certains clubs, à la difficulté à organiser des concerts, est-ce que tu ressens ça aussi ? Parce que, vu de France, on a l'impression que Freiburg, c'est une vitalité culturelle nocturne incroyable. Ce n'est plus le cas aujourd'hui ?


  • Moins. En effet, il y a beaucoup de clubs qui ont disparu ces dernières années, les contraintes sont de plus en plus grandes. Pour ouvrir un club, il faut investir beaucoup d'argent pour « Brandschutz », c'est-à-dire en français la sécurité incendie. Et ensuite, c'est l'insonorisation, il faut vraiment prouver qu'il n'y a pas trop de bruit qui filtre à l'extérieur à cause des voisins. Il y a beaucoup de contraintes, et quand tu veux ouvrir un endroit où tu peux faire de la musique live, je n'ai pas l'impression qu'on va t'aider, mais plutôt, on va te dire qu'il faut faire ceci, il faut faire cela, il faut ça, et ensuite, débrouille-toi. Beaucoup de lieux ont fermé parce que, par exemple, des habitants se sont plaints du bruit. Il manque une loi au niveau allemand ou européen, qui dit que ce qui existe d'abord a la priorité et est dans son bon droit. Si tu déménages à côté d'un club où il y a des concerts live, c'est tant pis pour toi. Si tu vas habiter à côté de l'aéroport, tu sais qu'il y aura du bruit. Et à l'inverse, si tu habites quelque part, et que le bar ou le restaurant tout à coup devient une discothèque, dans ce cas, d'accord, tu pourrais pouvoir te plaindre. Mais je trouve qu'il manque une loi qui protège les lieux culturels existants. Ce serait une garantie pour beaucoup d'endroits où il y a de la musique live.




  • Pourtant, Freiburg est une ville universitaire, avec des dizaines de milliers d'étudiants. Pourtant, Freiburg a un maire de la culture de la nuit, le Nachtbürgermeister. C'est pareil partout en Allemagne, ou c'est spécifique à Freiburg ?


  • Non, mais il faut dire que depuis 2 ou 3 ans, avec le Nachtbürgermeister, et avec le nouveau maire Martin Horn qui est beaucoup plus libéral et qui essaie de sauvegarder la culture, la vie culturelle de Freiburg, j'ai l'impression que quelque chose se passe. Mais il y a quand même les contraintes. S'il y a 10 habitants à côté d'un club qui se plaignent, la loi sera en leur faveur. Même le maire, au bout d'un moment, il ne peut pas faire grand-chose.


  • Et sinon, au niveau transfrontalier, les Français et les Suisses viennent à Freiburg ? Et au Café Atlantik ?


  • On a beaucoup de gens qui viennent régulièrement de France, de Suisse, pour voir nos concerts. C'est peut-être aussi dû au fait que ça fait des années qu'on fait des concerts. C'est sûr qu'en semaine, c'est plus difficile, parce que les jours de travail, ça fait quand même de la route qu'il faut faire au retour. Mais selon les groupes, il y a quand même beaucoup de Français et de Suisses qui se déplacent. Aujourd'hui par exemple, il y a beaucoup de Français, avec la fanbase de Rodolphe Burger, qui est très connu en France. C'était son premier concert en Allemagne. Et pour la Suisse, c'est pareil. Parfois, il y a des groupes pour lesquels les Suisses viennent en nombre, parce que l'artiste est peut-être plus connu en Suisse.


  • Effectivement, Rodolphe Burger a fait son premier concert en Allemagne, en ce 1er décembre 2024. Mais comment cela est-il possible d'accueillir à l'Atlantik un artiste comme Rodolphe pour la première fois en terre allemande? Tu étais à l'école avec lui ?


  • C'est parce qu'on essaie de construire, de renouer les liens transfrontaliers, pour avoir plus d'échanges au niveau culturel. Rodolphe est une personne très engagée au delà des frontières. C'est comme ça que ça s'est fait. Ça m'a surpris que depuis 40 ans qu'il fait de la musique, qu'il n'ait pas encore joué en Allemagne. On a déjà accueilli un groupe français, The Dø, pour leur premier concert en Allemagne, c'était au Café Atlantik aussi. Mais là, c'était un groupe très jeune, c'est donc moins étonnant. Mais quelqu'un comme Rodolphe Burger, c'est surprenant qu'il n'ait pas encore joué en Allemagne.


  • Terminons avec quelques souvenirs. Quels sont les concerts qui t'ont le plus marqué ici ?


  • Il y en a tellement, c'est difficile à dire. Chacun a ses chouchous, ses groupes préférés, qu'il adore voir. Il y a les groupes, naturellement, qui me suivent depuis des années. Par exemple, un groupe comme And Also the Trees que j'ai produit sur scène alors que je ne faisais pas encore le Atlantik. Et là, ils ont joué pour la huitième ou neuvième fois au Atlantik. Il y a des groupes comme ça. En 2025, je vais faire un groupe belge, que j'adore. Ce n'est peut-être pas le groupe le plus connu, mais chacun doit trouver sa musique. On essaie de faire un programme varié pour que chacun trouve quelque chose qui l'intéresse.


  • Justement, si un groupe totalement inconnu, de Mulhouse par exemple, veut jouer au Café Atlantik à Freiburg, c'est possible ? Comment faire ?


  • Envoyer un mail au info@cafe-atlantik.de et demander une première partie. J'aime bien, quand on a un groupe allemand, prendre une première partie qui vient de France ou de Suisse, justement, pour avoir cet échange frontalier.


  • Vive le Café Atlantik ! Bon anniversaire et à bientôt pour les 50 ans du Café Atlantik en 2034 !


Rodolphe Burger (photo Dorian Rollin)


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