Parcours musical dans plusieurs bars du centre ville mulhousien, le Barathon a joué une nouvelle fois la carte de la diversité et de la découverte.
MULHOUSE est sortie samedi soir de sa léthargie musicale habituelle à l’occasion de la nouvelle édition du Barathon concoctée par la fédération Hiero. Un simple retour aux sources en fait pour une ville qui au début des années 1990 pouvait se targuer sans complexe d’une étiquette rock. Depuis les choses ont pas mal changé. La relève musicale se fait quelque peu attendre, les endroits pour se produire live se faisant, eux, de plus en plus rares. Aussi, le Barathon de ce week-end est arrivé à point nommé pour remettre les pendules à l’heure. Son concept : amener le public à suivre un parcours musical de plusieurs étapes de bars en bars. " Depuis les premières éditions nous avons voulu impulser un caractère festif à l’initiative expliquait Jean-Luc Wertenschlag, l’un des pères fondateurs du Barathon. Le bar, espace de convivialité par définition, nous a semblé l’endroit idéal. C’est une bonne opportunité pour les groupes, souvent peu connus, de se produire sur scène. L’idée a visiblement séduit. À tel point que la formule mulhousienne pourrait prendre une dimension d’envergure nationale avec une vingtaine de villes participant au Barathon du printemps prochain. En attendant, samedi soir, c’est Sylvie et son accordéon qui en début de soirée a donné le ton à l’édition automnale mulhousienne au café Montaigne. Chansons à boire, chansons à vivre, toutes vieilles comme le monde et reprises en coeur par l’assistance, l’ambiance était joyeusement guinguette. On changeait de registre, ensuite, avec le trio Jan Vanek chez Selma pour un répertoire aux accents manouches laissant libre cours aux improvisations. Énergiques et festifs, hors norme rythmiquement, ils ont été sans doute la révélation de la soirée. Le Passage accueillait, lui, la Space Family strasbourgeoise toute heureuse de venir présenter À force, son nouvel album. La Space, habituée à la scène, a proposé sa fusion funk-rock. Au final, sa prestation musicalement irréprochable n’aura pas masqué son manque singulier d’audace et de folie pour se démarquer d’un style entendu et réentendu. À quelques mètres de là, au Galion, le problème ne se posait pas vraiment pour Didi Kaiser et son band. À contre-courant depuis ses débuts, Didi n’a pas manqué une nouvelle fois de prendre tout le monde à contre-pied en proposant un set irréprochable oscillant entre chansons et envolées musicales expérimentales. Le Barathon donnait ses ultimes soubresauts au Parallèle pour un final époustouflant avec la déferlante post-rock, teintée électro, de Gingko. Dj Hamid se chargeant, lui, aux platines de mettre tout le monde d’accord jusqu’au petit matin. Seuls couacs d’une soirée réussie : le retard quasi systématique des concerts par rapport à la programmation initiale et l’annulation en dernières minutes de deux concerts. Un détail pour les noctambules mulhousiens, une occasion de plus pour tous les autres de clamer que le rock ne sera jamais un milieu vraiment sérieux.
Marc-Antoine Vallori
Des concerts, du public et des rencontres, c’était le Barathon samedi soir à Mulhouse.