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Photo du rédacteurJean-Luc Wertenschlag

Les nuits en chantier

Que faire en ville une fois le soleil couché ? Pas grand chose, si on en croit les noctambules mulhousiens. Le sujet a été longuement débattu mercredi soir au café Rey.


Luc Gwiazdzinski l’avait rappelé en préambule : la nuit est le moment idéal pour refaire le monde. Ça tombait plutôt bien. L’objectif de la soirée n’était-il pas de dresser un état des lieux des nuits mulhousiennes ? A vrai dire, chacun savait qu’il ne s’agissait là que d’une première étape.


Un réél malaise chez les acteurs de la nuit


D’évidence, la situation n’est guère reluisante, et c’est plus un remède qu’un constat qui s’impose. « Le simple fait de se réunir pour parler des nuits à Mulhouse est assez accablant », devait noter un intervenant. Bars fermés, rues désertées… L’euphorie qui s’était emparée de la ville à la fin des années 90 semble loin. Provoqué dans le cadre du festival Elephonic #2, ce débat public était alimenté par le chercheur-géographe Luc Gwiazdzinski : autant dire le « M. Nuit » des grandes métropoles européennes, à l’origine d’opérations comme les nuits blanches parisiennes. Délimitations des terrasses, autorisations de concerts refusées, normes incompréhensibles… Sans surprise, les chicaneries administratives subies par les patrons de bar ont dominé les débats. Certes, ni Jean-Marie Bockel ni Michel Samuel-Weis n’étaient là pour répondre. Mais contrairement à l’an dernier où seule Cléo Schweitzer avait fait le déplacement, la municipalité était cette fois représentée par l’adjointe chargée des relations avec les commerçants : Christiane Eckert. Pierre Freyburger, Djamila Sonzogni et Cléo Schweitzer étaient également présents.


L’adjointe a vite opposé aux gérants le nécessaire respect des réglementations, tout en rappelant que son bureau restait ouvert à tous. Un point qui n’a d’ailleurs été démenti par personne. Reste que ces discussions toujours courtoises semblaient révéler chez les acteurs de la nuit un réel malaise. Voire une certaine peur. Jean-Luc Wertenschlag n’a d’ailleurs pas mâché ses mots en accusant la municipalité de freiner les initiatives, allusion claire à l’annulation de L’Arsenal fait sa loi (imputable selon l’intéressé à un refus de subvention, et selon Christiane Eckert au retrait volontaire d’Old School). De part et d’autre, la bonne volonté semblait toutefois l’emporter. « Je suis tout à fait prête à travailler sur un état des lieux de la nuit. D’accord, nous avons notre part de responsabilité, mais j’attends de la part des représentants de la nuit des propositions. Je regrette souvent que lorsque je demande des choses un peu organisées, rien ne vient. La Ville ne peut pas tout faire », a conclu l’adjointe. Elle s’est par ailleurs dite partisane de l’ouverture des discothèques jusqu’à 6 h et des bars jusqu’à 3 h. Mais là, la décision ne peut venir que de la préfecture, qui s’y est selon elle toujours refusée. Reste que le monde de la nuit ne se limite pas aux bars. Et la soirée a aussi été l’occasion de poser quelques questions restées pour l’instant sans réponses. Où diable les 6 500 étudiants dont l’UHA s’enorgueillit passent-ils leurs soirées ? Peut-on encore manger après 22 h 30 ? Quelle épicerie vous dépannera encore à minuit ? A partir de quelle heure est-on condamné à rentrer à pied, faute de tramway et de taxi ? Pourquoi se sent-on (souvent à tort) en insécurité dans certains quartiers ?


Pour ceux qui estiment ces préoccupations accessoires, Luc Gwiazdzinski a vite remis les pendules à l’heure. Oui, la vie nocturne est une composante essentielle de l’attractivité d’une ville. Oui, toutes les expériences ont montré que le développement d’activités nocturnes réduisait la délinquance : la politique du « couvre-feu », loin de l’empêcher, la favorise. Dès lors, pourquoi ne pas ouvrir gymnases et centre socioculturels jusqu’à minuit, comme à Barcelone ? « Quand on s’emmerde, qu’on n’a pas de fric et qu’on est coincé dans un ghetto, on fait des conneries », devait résumer Djamila Sonzogni.


Où diable les étudiants passent-ils leurs soirées ?


Et maintenant, quelles solutions ? La proposition de Luc Gwiazdzinski (formulée l’an dernier mais restée sans réponse) d’organiser avec les élus une traversée de nuit de Mulhouse a été reçue favorablement par Mme Eckert. Et dans l’immédiat, le principe d’une réunion au courant du mois de juin semble acquise. Elle pourrait se tenir à la mairie et rassembler, outre Luc Gwiazdzinski et les élus, des responsables du Quai et de l’UHA. A suivre…


Jean-Michel Lahire


© Dernières Nouvelles D’alsace, Vendredi 01 Juin 2007. – Tous droits de reproduction réservés

La dernière édition de l’Arsenal fait sa loi remonte à l’été 2005. Selon Christiane Eckert, l’opération devrait reprendre cette année sous l’égide des seuls cafetiers. (Photo d’archives DNA – Sébastien Bozon)


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