(article paru dans L’Alsace le 19/08/10)
(Photo: Darek Szuster)
Mulhouse net experience — MNE — aura bientôt 3 mois et s’apprête à pousser le volume.
Ce jour-là, histoire de se roder pour la rentrée, ils avaient préparé un direct avec Cali, en Colombie où Vanessa, une de leurs collègues, colombienne, est en vacances. Prévue pour 15 h 30, l’émission démarre avec pas mal de retard, avant que la liaison ne soit finalement… interrompue. Problèmes techniques en rafale. Du coup, repli tactique sur un duplex avec Paris et Viviana, la sœur de Vanessa. Le tout, entrecoupé de grands éclats de rires, de quelques morceaux de cumbia, mais aussi d’intéressants témoignages sur le pays du cartel de Medellin, des Farc et d’Ingrid Betancourt et aussi d’une société à deux vitesses, celle où l’on survit entre chômage et insécurité et celle, où l’on croise en limousine sur les belles artères de Bogota. Car, Radio MNE, ce n’est pas que de l’impro, un joyeux bazar, c’est, délibérément, une web radio du net, pas comme les autres : « La plupart, c’est des ordinateurs, présidés par un ordinateur, dont le secrétaire est un ordinateur, nous, c’est une web-radio avec des vrais gens à l’intérieur », définit Jean-Luc Wertenschlag, l’un des hommes-clé du nouveau media mulhousien.
« L’esprit des premières radios associatives »
« Notre but, définit J-L W, c’est de retrouver l’esprit des premières radios associatives des années 70, 80, mais sur le web, ou dans ta poche, si tu télécharges une émission sur ton I-phone… La radio n’est qu’un outil, pour permettre à des gens très différents, à toutes les tribus musicales imaginables, de se rencontrer ».
Depuis son mémorable « 72 heures de direct non-stop » inaugural, fin mai, MNE tâche de transcender ce credo avec une trentaine d’émissions, qui ont déjà connu une première diffusion : entre « l’agenda Bretzel » du mardi, avec Pierre et Marlène, qui égrène tous les événements où il faut être entre Bâle, Mulhouse et Fribourg, et ce « Mad world of DJ Bush », où l’on découvre « des musiques jamais entendues ». Des débats aussi, des rencontres, de quoi percer l’enveloppe ébouriffée du slogan : « La seule radio où n’importe qui peut faire n’importe quoi, mais pas n’importe comment ». Car, derrière, il y a un pack de valeurs que Jean-Luc Wertenschlag déballe, pêle-mêle : « Humour, éducation populaire, liberté, anti-racisme, solidarité, échanges culturels ». Et, après un temps : « Mais tu peux aussi faire une émission sur le tuning ! ». Tout cela, porté par un esprit, une structure et des personnages, dont l’histoire a commencé bien avant MNE (voir ci-dessous), et dont le dernier avatar est l’association Old School, laquelle fait encore bien autre chose que de la radio.
Texte : Luc Marck