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Photo du rédacteurJean-Luc Wertenschlag

Penser la ville de nuit

Article paru dans le Journal L’Alsace le 20 mai 2006 Le festival Elephonic milite pour la promotion de la vie nocturne et du bien-être de la nuit. Une conférence s’est tenue au café Rey mercredi soir. Entre utopie et réalité.

Dans le cadre du festival Elephonic, une conférence-débat s’est tenue mercredi soir sur le thème de la nuit urbaine. L’ambiance festive qui régnait place de la République a mis les gens dans de bonnes conditions pour écouter Luc Gwiazdzinski leur parler des bienfaits d’une vie de nuit. Ce professeur chercheur de l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard originaire de Lorraine étudie depuis 15 ans le monde de la nuit et cherche à comprendre les mécanismes d’exclusion de la vie nocturne par le jour. En introduction, il a évoqué quelques postulats sur la nuit urbaine. « Il faut aussi penser la ville de nuit et ne pas avoir de nostalgie sur celle-ci. Quand je parle de Strasbourg à des amis, je leur dis de ne pas aller à la cathédrale. La réalité est ailleurs ».

Traversée de nuit le 16 juin

Luc Gwiazdzinski a traversé, de nuit, 300 villes d’Europe pour en étudier le fonctionnement. Ce concept de traversées nocturnes pour « éprouver la ville » a été développé par l’agence dont il est le directeur. La traversée se fait en compagnie d’élus, de techniciens, d’artistes et chacun retranscrit ses impressions lors d’un débriefing. Elephonic organisera sa traversée de nuit le 16 juin. « Il y a une vie après le jour et la nuit a beaucoup de choses à apprendre au jour. Il faut changer de regard sur la nuit », a martelé Luc Gwiazdzinski. Ses études géosociologiques sont basées sur Strasbourg et Belfort, villes qui présentent de nombreuses généralités applicables à Mulhouse. « La ville est une pulsation qui expulse la nuit. Il y a un conflit entre la ville qui dort et la ville qui vit. Et on s’aperçoit que les voitures brûlent là où ça ne bouge pas. Les centres villes sont survalorisés ». La méthode Gwiazdzinski propose une solution simple et complètement utopique à la fois. « Nous sommes en 2026 et le maire de Mulhouse retrouve des documents issus d’un colloque de 2006 concernant le moyen de rendre la nuit urbaine attractive. Le projet est proposé au gouvernement. Une assemblée nationale de nuit, des maires de nuit sont élus. JMB est nommé ambassadeur de la nuit auprès de l’UNESCO. L’enseignement scolaire peut être nocturne. La taxe professionnelle est baissée la nuit et les entreprises investissent cet horaire ». Résultat de ce projet de ville intitulé « Les territoires de l’ombre » : une baisse significative de l’insécurité.

Une dynamique à créer

Les projets de Luc Gwiazdzinski peuvent paraître fous mais plusieurs villes en Europe ont déjà adopté certaines de ces mesures. Amsterdam a un maire de nuit, Bruxelles a un observatoire de la nuit (dont le professeur est chargé du suivi scientifique), des crèches de nuit ont été ouvertes dans plusieurs villes… L’auditoire a finalement peu contesté cette vision de la nuit oubliée. Une jeune élue a regretté que ses collègues ne soient pas plus intéressés par cette tranche horaire, « Ils sont trop peu nombreux à s’y intéresser car ils ne pratiquent pas la nuit. Il y a toute une dynamique à créer sur Mulhouse. Il faut remettre des structures culturelles de nuit mais il ne faut pas reproduire le schéma du jour ». La ville de Mulhouse, en apparence mauvaise élève de la nuit, semble être sur de bons rails pour dynamiser son espace nocturne.

Raphaël Hinninger

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Les festivités liées au carnaval, comme celle du Réveillon, constituent l’une des (rares ?) occasions d’investir la ville la nuit. Archives Darek Szuster


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