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Étudions la démutualisation avec Laurent Riche, maire de Kingersheim et vice-président m2A

Photo du rédacteur: Jean-Luc WertenschlagJean-Luc Wertenschlag

Dernière mise à jour : 22 déc. 2024

La démutualisation est un genre de divorce entre deux collectivités, Mulhouse Alsace Agglomération (m2A) et la ville de Mulhouse en l'occurence. Ce casse-tête administratif et humain consiste à diviser chaque emploi préalablement mutualisé entre les deux structures. Laurent Riche est maire de Kingersheim (Haut-Rhin) depuis 2020 et vice-président de Mulhouse Alsace Agglomération (m2A). Sait-il qui est responsable de cette démutualisation ? Suspens... On l'écoute causer guéguerre m2a vs Mulhouse, nous expliquer pourquoi le siège de l'agglo est situé au milieu de l'autoroute loin de tout transport en commun - alors que la magnifique friche industrielle DMC aurait pu accueillir m2A, nous promettre - ou presque - qu'on pourra aller en tram à Kingersheim en 2040... Transcription d'une interview audio (à écouter ici) réalisée par Jean-Luc Wertenschlag le 25 novembre 2024 pour Radio Quetsch, l'Alterpresse68 et Radio WNE.






  • [JLW] Bonjour, Laurent Riche. Une question me traverse l'esprit... Est-ce Jo Spiegel, ancien maire emblématique de Kingersheim, qui est responsable de la démutualisation entre la ville de Mulhouse et M2A ?


  • [Laurent Riche] Oulah ! Mais quelle question ! Jo Spiegel n'est plus dans le sérail.


  • Oui, c'est de l'histoire politique. Comment en est-on arrivé à démutualiser M2A et Ville de Mulhouse ? Comment en est-on arrivé à une guéguerre qui divise et qui montre, à mon avis, ce qu'il ne faut pas faire ?


  • [Laurent Riche] Je ne saurais pas recomposer complètement l'histoire, mais ce sont différents désaccords, je pense, qui ont pu amener à ça, parce que s'il n'y avait pas de désaccords... La mutualisation avait toujours été voulue entre autres par Jo Spiegel à l'époque, il l'avait portée. Donc non, je ne pense pas que Jo soit responsable de ça. Lui, il a été porteur de la mutualisation. Donc il n'y a pas de souci. Je pense que la démutualisation se fait pour tout un tas de raisons que je n'explique pas forcément, parce que je n'ai pas la connaissance de toutes les difficultés rencontrées. Mais je pense qu'il y a eu une volonté, de part et d'autre, des deux collectivités, Mulhouse et puis M2A, de prendre un peu leur part et leur place dans l'organisation avec des personnels spécifiques. Mais je ne pourrais pas en dire plus. Je pense qu'il faut interroger la maire de Mulhouse et le président de l'agglo là-dessus.


il faut interroger la maire de Mulhouse et le président de l'agglo là-dessus


  • Avec plaisir! Mais que peut-on faire pour éviter de se diviser ? Est-ce qu'un siège au bord de l'autoroute, inaccessible en transport en commun, dans un bâtiment dont personne ne voulait, c'est une bonne idée ?


  • [Laurent Riche] Je ne sais pas si personne ne voulait du bâtiment. Avant, l'agglo n'avait pas de bâtiment du tout. Elle avait juste quelques bureaux rue Pierre et Marie Curie, à l'arrière de la mairie de Mulhouse. Tous ses services étaient complètement éclatés un peu partout, sur différents endroits. Tout le monde en convenait, si on avait pu trouver une solution, l'agglo serait restée sur la ville-centre. Elle n'a pas trouvé de solution en interne sur la ville-centre pour regrouper tous ses services. Une opportunité s'est présentée avec le bâtiment à Sausheim et c'est comme ça que les choses se sont faites. Mais je pense qu'au départ, il y avait vraiment l'envie de trouver une solution, d'avoir des locaux dans Mulhouse. L'agglo sans locaux n'avait pas vraiment d'existence, de structure qui lui permettait de travailler correctement. Donc le choix a été fait de partir sur Sausheim, un choix fait par le président et par d'autres structures. C'est aussi un lieu où les gouvernances sont partagées, il y a la maison de l'emploi et de la formation, l'agence d'attractivité, les ports de Mulhouse qui sont dedans. Donc ce n'est pas un bâtiment uniquement pour l'agglo, c'est un bâtiment qui rassemble l'ensemble des acteurs qui peuvent se retrouver dans ce lieu. Mais vraiment, au départ, il faut juste se dire que l'agglo n'avait pas de lieu, et c'était quand même pénalisant.


si la ville de Mulhouse et M2A étaient politiquement prêts pour savoir quelle destination donner à DMC, peut-être qu'on aurait pu y aller


  • Il y a pourtant des friches industrielles vides à Mulhouse qui ne demandent qu'à servir, comme DMC par exemple.


  • Bien sûr, mais DMC, c'est une réflexion urbaine en cours qui ne permettait pas à l'agglo d'attendre pour pouvoir partir là-dessus. Mais il est vrai que si la ville de Mulhouse et M2A étaient politiquement prêts pour savoir quelle destination donner au lieu, peut-être qu'on aurait pu y aller. Mais pour l'instant, les choses ne sont pas mûres, sinon ça serait déjà fait. Par exemple, sur le quartier de la Fonderie où nous nous trouvons, les politiques étaient au clair pour dire que le cœur de la Fonderie, c'est l'industrie numérique et tout autour, c'est la requalification urbaine. Donc le cœur était porté par M2A parce que c'était économique et tout autour, l'habitat est porté par la ville parce que c'est du développement urbain. Donc là, les choses étaient à peu près claires. Mais DMC, il faudra attendre encore un peu de temps.



  • Terminons sur une note positive, quand pourra-t-on aller en tram à Kingersheim ?


  • On en reparle, on en reparle vraiment. À mon avis, même si on prend la décision aujourd'hui, je pense que rien ne se fera avant 10 ou 15 ans. Les études sont relancées depuis un an maintenant. L'objectif est de reprendre l'extension vers Kingersheim et Wittenheim prévue initialement et qui n'a pas pu se mettre en œuvre, j'espère le plus tôt possible parce que c'est important. Kingersheim et Wittenheim, c'est un bassin de vie d'un peu plus de 30000 habitants. C'est quand même important que ce bassin de vie puisse être irrigué par le tram. Le tram actuel ne sort pas de la ville, ce n'est pas vraiment un tram. Donc il est vraiment temps de le faire sortir de la ville. Certains me diront, mais il sort déjà de la ville en allant sur Lutterbach et dans la vallée de Thann. Mais ce n'est pas vraiment le tram. Il faut vraiment une extension vers le nord et une autre vers l'est, vers Illzach, où il y a un bassin de population important, pour faciliter les déplacements, y compris jusqu'à la maison du territoire m2A dont on vient de parler.


il est vraiment temps de faire sortir le tram de la ville


  • On se revoit donc en 2040 pour aller en tram à Kingersheim...


  • On a vraiment perdu beaucoup de temps là-dessus, les responsabilités sont multiples. C'est l'État qui nous a abandonnés quand Chirac est venu inaugurer, je crois en 2005, le tram jusqu'à l'arrêt Rattachement. On savait qu'il n'irait pas au-delà ensuite du terminus actuel Châtaignier parce que l'État ne nous accompagnait pas là-dessus. Et c'est vrai que c'est un peu dommage que cette époque-là ne nous ait pas permis d'aller plus loin. On va rattraper un peu le retard. Mais l'agglo de Mulhouse traîne en effet un retard de 20 ans. Nous n'avons pas su l'utiliser intelligemment pour se regrouper tous depuis très longtemps. Aujourd'hui, on est sur une agglomération qui est à peu près de taille normale, 39 communes, une belle patate autour de Mulhouse. Et c'est dommage qu'on ait perdu tout ce temps-là. Mais les responsabilités de ce retard sont multiples et collectives.


  • On n'a qu'à dire que c'est la faute d'Émile Muller, maire de Mulhouse de 1956 à 1981, c'est plus simple.


  • Non, non, non. Après, ça ne sert à rien de refaire le procès de qui ou de ça. Maintenant, ce qu'il faut, c'est avancer. Le problème, c'est que l'urbanisme, les transports, l'aménagement, etc., ça demande toujours beaucoup de temps. Et il va nous falloir un peu de temps pour y arriver.


un beau et futur écoquartier, Ameco, en pleine requalification, dépollué sur place


  • Et c'est quoi le projet le plus fou qui arrive dans les années qui viennent à Kingersheim ?


  • Ah, Kingersheim ! Il n'y a plus de projet fou à Kingersheim parce qu'on essaye de maîtriser la densification et donc on fait attention aux différents projets qui sont menés. Mais j'ai un beau quartier qui s'appelle Ameco, qui est dans le quartier de la Strueth, au-dessus de Bourtzwiller, qui est en pleine requalification, sur lequel on a l'état d'esprit d'un écoquartier, qui est un bel aménagement, qu'on a dépollué sur place. Les terres polluées ont été traitées sur place. Ce ne sont pas des camions qui sont partis vers une usine pour le traitement. On a renaturé la rivière du Dollerbaechlein qui passe à cet endroit-là. Il y a une résidence senior, de l'habitat collectif, de l'habitat individuel. On va faire un beau lieu de mixité générationnelle des publics, un lieu qui va être assez agréable. On veut garder l'état d'esprit de Kingersheim. On est reparti, par exemple pour Momix, après tant d'exercices, on a réussi à refaire, à labelliser ce projet d'éducation culturelle, qui est très important aujourd'hui. Et on va continuer à faire de Kingersheim ce qui a toujours été son ADN, une ville inventive, participative, qui travaille toujours beaucoup avec les habitants, une ville dynamique dans la mesure du possible. Donc, ce ne sont pas trop des équipements qu'il faut. arrêtons peut-être d'être des maires bâtisseurs, soyons des maires un peu animateurs de nos villes, c'est ça qui est le plus important. Il faut réussir la transition démocratique et la transition écologique.


  • Merci beaucoup Laurent Riche, maire de Kingersheim.


  • De rien.







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