top of page
Photo du rédacteurJean-Luc Wertenschlag

Philippe Schweyer, éditeur prolifique

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

C'est quoi un éditeur ? Qu'est-ce qu'il fait toute la journée ? Il passe son temps à lire ? C'est un métier ça ? Les jeunes de Sémaphore ont rencontré Philippe Schweyer, éditeur Médiapop éditions à Mulhouse. Et oui, à Mulhouse aussi on peut éditer des livres ! Et pas qu'un peu !


Littér'action le podcast orient'action à la découverte des métiers du livre avec Tia, Ayman, Siham, Luna, Gauthier, Yvan, Alhadj et Tamine. L'équipe WNE est partie à la découverte du monde de la bande dessinée, des mangas et de l'édition avec les jeunes du programme Orient'action en partenariat avec Sémaphore et la MEF. Interview enregistrée le 18 novembre 2024. Écoutez la version audio en podcast en cliquant ici.





  • Il y a du manga à Mulhouse, mais il y a aussi des éditeurs, et plus particulièrement Philippe Schweyer, le plus prolifique des éditeurs mulhousiens. On l'écoute. Bonjour, monsieur Philippe Schweyer. Nous sommes un groupe de jeunes de 18 à 20 ans qui souhaitent s'informer sur le métier d'éditeur. Est-ce que vous pouvez vous présenter ?


Bonjour. Je suis ravi d'être avec vous aujourd'hui. Je m'appelle, comme vous l'avez dit, Philippe Schweyer, je suis mulhousien, et je suis devenu éditeur un peu par hasard, en fait, ce n'était pas prévu au départ. Normalement, j'aurais dû être footballeur professionnel, mais ça a capoté. Ensuite, j'aurais dû être guitariste professionnel, ça n'a pas marché non plus. Et j'ai essayé plein de choses, j'ai travaillé dans des mairies. J'ai même travaillé un an à la mairie de Mulhouse. Et ensuite, j'ai rencontré quelqu'un qui éditait des magazines à Strasbourg. Et il m'a dit de venir travailler avec lui, et c'est comme ça que j'ai commencé à faire de l'édition. Au départ, c'était de l'édition de magazine. Et en 2008, j'ai monté ma propre boîte à Mulhouse, qui s'appelle Médiapop, pour faire un magazine qui s'appelle Novo. Et là non plus, je n'avais pas du tout l'idée de devenir éditeur de livres. Et c'est venu un peu par hasard. Et depuis 2009, effectivement, j'édite des livres. Donc je commence à être un éditeur, mais je me considère encore comme un apprenti éditeur.


J'aurais dû être footballeur professionnel, mais ça a capoté. Ensuite, j'aurais dû être guitariste professionnel, ça n'a pas marché non plus.





  • Éditeur, c'est quoi, monsieur ?


Alors éditeur, en fait, c'est le responsable qui décide d'éditer un livre, c'est-à-dire s'occuper de tout le travail qu'il y a en amont. avant que le livre se retrouve en librairie et de tout le travail après, une fois que le livre est en librairie. La première étape, c'est de trouver des textes ou des photos qui sont dignes d'être publiés. Donc ça va être recevoir des manuscrits, lire ces manuscrits, sélectionner ces manuscrits éventuellement. Ensuite, il va falloir faire un travail de relecture, de correction. Donc c'est soit l'éditeur, soit des gens qui travaillent avec lui qui font ce travail. Il va y avoir un travail de mise en page, fabriquer un objet qui ait un minimum de tenue. Ensuite, il y a tout le travail de promotion. Normalement, on travaille avec un distributeur et un diffuseur de livres. Mais d'abord, un imprimeur. C'est hyper important. Il faut travailler avec des imprimeurs et il faut les payer de temps en temps parce que sinon, ils débarquent chez vous avec des battes de baseball et ils vous cassent les genoux. C'est la partie la moins agréable du travail. Une fois que le livre est imprimé, il faut qu'il soit, si possible, en librairie. Pour ça, je travaille avec un diffuseur-distributeur qui s'appelle Harmonia Mundi. La distribution consiste à réceptionner les livres qui arrivent depuis chez l'imprimeur, les envoyer chez les libraires puis récupérer l'argent une fois les livres vendus. Le diffuseur c'est l'équipe de commerciaux qui vont aller dans toutes les librairies en France pour dire il y a tel livre qui va sortir chez Mediapop à telle époque, ça serait bien que vous en preniez. Si les libraires sont intéressés, ils en commandent et à ce moment là le jour de l'office c'est le jour de la sortie officielle du livre. Le livre est dans toutes les librairies, ou pas dans toutes les librairies, ou juste dans 20 librairies, etc. Je rencontre régulièrement les représentants du diffuseur. Il y a des journées dédiées à ça, où je vais présenter mes prochaines parutions. Et si je suis bon, si j'arrive à convaincre les représentants, eux, ils vont être bons, ils vont convaincre les libraires et les libraires vont convaincre les gens qui arrivent dans la librairie d'acheter ces livres. C'est tout un travail de promotion.


Il faut travailler avec des imprimeurs qu'il faut les payer de temps en temps parce que sinon, ils débarquent chez vous avec des battes de baseball et ils vous cassent les genoux. C'est la partie la moins agréable du travail.





  • Personnellement, j'ai déjà essayé d'écrire un recueil de poèmes. Et j'ai réussi à l'imprimer, tout ça. Et du coup, ce travail d'éditeur, est-ce qu'il faut absolument passer par une librairie ? Ou vous pouvez éditer n'importe quel ouvrage de personnes plus ou moins connues ou non ?


En fait, ça m'arrive de faire des livres qui ne sont pas en librairie. Ça peut arriver que je rencontre quelqu'un qui a un projet, des fois c'est un partenariat. Par exemple, récemment j'ai fait un livre avec une photographe qui a fait un partenariat avec un centre social. Elle a fait un petit bouquin, et on en a filé 300 exemplaires au centre social. J'en ai gardé quelques-uns que je vends, comme je fais des salons ou sur mon site éventuellement, et il n'est pas en librairie. Mais ce qui m'intéresse en tant qu'éditeur, c'est de faire des livres qui sont diffusés le plus largement possible. Ce qui m'excite, c'est quand je me balade à Metz, à Nancy ou à Bordeaux, je vois des livres Médiapop dans les librairies. Ça n'arrive pas toujours, mais quand ça arrive, ça me fait plaisir. Et je trouve que pour les auteurs aussi, c'est plus intéressant. Si je veux convaincre des auteurs qui ont du talent de venir chez moi et que je leur dis, votre livre, il ne sera pas en librairie, ils risquent d'aller voir ailleurs. J'ai oublié de dire que lorsqu'on édite un livre, il y a ce qui s'appelle un ISBN. C'est un numéro auquel est associé un code barre, qui permet au livre d'être référencé. Ensuite, il y a un dépôt légal. Je suis toujours en retard et j'ai des relances pour faire ça. Il faut l'envoyer chaque livre à la BNF, la Bibliothèque Nationale de France, qui se trouve à Paris. Et donc, pour tous les livres que je sors, il faut que j'envoie un exemplaire à la bibliothèque. Ce qui fait que dans 5000 ans, quand les gens iront faire des recherches à la Bibliothèque nationale de France, ils pourront trouver tous ces livres. Il reste des traces. Parce que quand on fait des livres, c'est aussi le but, c'est souvent des gens qui ont envie de laisser une trace. Alors ça peut être des gens qui racontent leur vie et ça ne passionne personne mais les auteurs ont envie de laisser une trace, pour tout un tas de raisons. La plupart des gens qui font des bouquins, c'est souvent pour laisser une trace de leur passage sur Terre.


Pour tous les livres, il faut que j'envoie un exemplaire à la BNF. Ce qui fait que dans 5000 ans, quand les gens iront faire des recherches à la Bibliothèque nationale de France, ils pourront trouver tous les livres Mediapop





  • Quelles sont les missions d'un éditeur ?


Je ne vois pas ça comme des missions parce que je ne suis pas missionnaire et je ne suis pas missionné. Je travaille pour moi, en fait, mais je ne travaille pas pour le service public. Je ne suis pas salarié ni de l'État, ni d'une mairie, ni d'une collectivité. Après, la mission que je me suis donnée, c'est d'aider des gens qui ont des projets intéressants, de les accompagner, de faire en sorte que leurs livres sortent et, si possible, qu'ils rencontrent leur public. Donc, c'est pour ça que je vous parlais tout à l'heure des représentants. Mais il y a aussi les salons du livre. Comme le Festival du Livre de Colmar qui a lieu le week-end prochain, les 23 et 24 novembre 2024. Je ne sais pas si vous avez l'occasion d'y aller. Passez me voir sur mon stand. Je suis sur le stand Grand Est cette année avec plusieurs éditeurs de la région. Il y a tout un tas de manifestations comme ça auxquelles je participe. Dès qu'on peut être présent quelque part, par exemple, il y a le marché de Noël à Motoco, à Mulhouse à mi-décembre. Il y a du monde, des gens qui ont de l'argent qui viennent acheter des cadeaux de Noël. C'est un endroit qui est cool pour moi. L'idée n'est pas de faire des livres qui vont rester dans les cartons, ça arrive trop souvent, mais d'essayer au maximum de faire en sorte qu'ils trouvent des lecteurs. Sinon, ça n'a pas d'intérêt. Tout se travaille en amont. Donc les missions, c'est vraiment par rapport à des auteurs qui ont des projets intéressants. Et puis parfois aussi, une des missions, c'est aussi d'être un tout petit peu engagé. Alors quand je fais un livre sur le basket à Mulhouse, il n'y a pas vraiment d'engagement. Mais par exemple, quand je fais le livre sur le parcours d'un jeune Afghan qui a été obligé de quitter l'Afghanistan très jeune et qui passe par l'Iran, la Turquie, la Grèce, l'Italie, pour débarquer à Mulhouse comme ça, sans parler un mot de français, et qu'il raconte tout son parcours, je trouve que ça peut faire partie d'une mission.



Ou plus récemment, j'ai publié un livre avec des textes de détenus des prisons de Lutterbach et d'Ensisheim. Il y a un peu un côté "mission", entre guillemets, mais bon... ça ne reste que des livres! Les livres sont aussi des prétextes à des rencontres. Ce que j'aime bien, c'est que derrière un livre, il puisse y avoir des rencontres, des rencontres en librairie, et ça permet aux gens de parler d'un sujet. Par exemple, pour le bouquin avec les textes de détenus, j'ai assisté à quelques rencontres, et c'est vrai que là, tout d'un coup, je me suis dit, franchement, je suis content d'avoir fait ce livre, parce qu'il y avait des gens vraiment intéressants, qui avaient des parcours, qui ont parlé, etc. Et même moi, qui suis hyper claustro et qui ai toujours eu peur de la prison. C'est vraiment l'endroit où je me disais, pourvu que je ne fasse pas une connerie et que je me retrouve en prison, ça m'a un peu détendu parce que malgré ce livre, je n'avais pas du tout envie de mettre les pieds en prison, mais on m'a un peu poussé. On m'a dit, t'es l'éditeur, il faut quand même que tu y ailles. Je suis donc allé plusieurs fois à Lutterbach et Ensisheim, mais au début, j'étais vraiment stressé. Petit à petit, on oublie un petit peu. Enfin, on oublie un tout petit peu. Par exemple, j'ai rencontré des filles qui étaient là, des jeunes un peu plus âgés que vous, en prison à Lutterbach, qui faisaient un atelier d'écriture et qui ont lu des textes. Une jeune a lu un texte en arabe et j'avais les poils qui se dressaient tellement c'était beau, avec sa voix et tout. Et je me demandais, mais qu'est-ce qu'elle a pu faire pour se retrouver là ? Parce qu'elle n'avait pas du tout une tête de délinquante... Donc ça fait partie aussi des plaisirs du métier d'éditeur. En tout cas, je le vis comme ça. Ça permet de rencontrer des gens de tous les milieux. Je fais des livres avec un entraîneur de basket, avec des vieux universitaires historiens, avec des écrivains, avec des photographes, etc. C'est assez enrichissant. Si on aime rencontrer des gens, c'est chouette.


Une jeune a lu un texte en arabe et j'avais les poils qui se dressaient tellement c'était beau.





  • J'aimerais plus m'appuyer sur l'aspect financier, parce que vous parliez du fait que c'est pour encourager les personnes dans des projets, mais quand par exemple vous éditez un livre avec des témoignages de prisonniers, qui vous paye pour les témoignages des personnes incarcérées ?


La plupart des livres sont payés par les gens qui achètent le livre, c'est la majorité des cas. Soit je vends en direct, soit je vends en librairie. Si vous voulez parler d'argent, en gros, quand il y a des auteurs, normalement, ils ont un contrat, des droits d'auteur. Ils ont 10%, donc pour un livre vendu au prix public de 10 euros, ils vont toucher un euro par livre. Si on vend 1000 livres, ils vont toucher 1000 euros. Donc on ne devient pas riche facilement avec cette économie. Et moi, sur un livre vendu en librairie à 10 euros, je vais toucher 3 euros. Je touche 4 euros de la part du distributeur et je file un euro aux auteurs, normalement, quand je le fais... Donc il reste 3 euros, et avec ces 3 euros, il faut payer l'imprimeur, le graphiste, le correcteur. Donc un livre à 10 euros, si j'en vends 1000, ça fait 3000 euros qui me restent pour payer un graphiste, à qui je vais donner 500 euros, et bien 2500 pour l'imprimeur et le correcteur. C'est technique. C'est une économie où il faudrait vendre beaucoup de livres pour vraiment gagner de l'argent. Tant qu'on est dans des chiffres un peu comme ça, on arrive à peu près à se maintenir. Mais l'idée, ça serait de temps en temps de faire des grosses ventes. Ce n'est pas le cas la plupart du temps. Des livres, j'en vends pas des paquets. Mais en tout cas, c'est une économie un peu compliquée. C'est pour ça qu'il y a beaucoup d'éditeurs qui ont des soucis, qui ont des difficultés, qui s'arrêtent, etc. Enfin, je parle de tous ceux qui n'ont pas été rachetés par Bolloré, qui sont indépendants. Et les prisons par exemple, c'est des cas particuliers. Pour celui-là, en tout cas, des gens viennent me voir, qui font des ateliers en prison et qui me disent d'entrée, il y a moyen d'avoir un financement, parce qu'il y a une association qui va en prison, qui peut avoir de l'argent. La prison va payer aussi parce que ça rentre dans le cadre d'un programme avec des ateliers d'écriture. C'est l'aboutissement de l'atelier d'écriture. Les ateliers d'écriture, c'est bien, mais si au bout, il y a un bouquin, ils sont encore plus contents parce que le bouquin a été donné à tous les détenus qui ont participé. Donc ils sont prêts à payer pour ça. Donc je leur fais un devis et je leur dis, ça m'intéresse de faire ce projet, mais il faudrait que la prison en achète 200 et que l'autre en achète 200 et qu'on arrive à faire un micmac. Et là, normalement, ça fait partie des livres où je peux gagner un peu d'argent. il faudrait que je fasse des devis encore un peu plus élevés, mais après ça devient indécent, et je sais qu'il n'y a pas forcément beaucoup d'argent non plus, mais en tout cas je ne perds pas d'argent sur cet exemple-là. Le livre avec le centre social c'est pareil, je fais un devis en comptant qu'il me reste quelque chose au bout. Mais par contre quand je rencontre quelqu'un, un écrivain qui crève la dalle et qui me dit j'ai écrit un super livre et qui me file son manuscrit, et que le bouquin, j'ai vraiment envie de le sortir... Là, il n'y a personne qui nous donne d'argent, à moins que j'ai une aide de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles, ministère de la Culture) ou de la Région Grand Est. Parce que chaque année, je leur donne tout mon programme et ils sélectionnent un, deux ou trois livres pour lesquels ils vont donner un peu d'argent. Donc là, c'est jamais assez d'argent pour payer tout le livre. C'est juste une petite partie.


Un auteur touche 10%. Pour un livre vendu 10€, il va toucher un euro par bouquin. Si on vend 1000 livres, il va toucher 1000 euros. On ne devient pas riche facilement avec cette économie.





  • Ok, très bien. Pouvez-vous parler de votre aspect moral ?


Mon aspect moral? Je n'ai aucune moralité. Je ne sais pas... C'est ce que je viens de dire un petit peu. Ma morale, c'est d'essayer de gagner le maximum d'argent sans trop arnaquer les gens. En gros, c'est ça pour moi la morale. Mais je ne sais pas ce que vous entendez par là, vous, quand vous parlez de morale.


Essayer de gagner le maximum d'argent sans trop arnaquer les gens


  • L'aspect moral, c'était plus centré sur le fait que, est-ce que vous avez certains livres où vous vous focalisez sur l'aspect moral ? C'est-à-dire que, est-ce que vous êtes maître de vous-même, entre guillemets, dans le sens où vous allez accepter un livre, vous allez accepter de l'éditer ? parce qu'il vous parle particulièrement, ou est-ce que vous êtes confronté, ou vous avez déjà été confronté à éditer un livre pour l'éditer ?


En fait, vous voulez savoir si je suis prêt à faire par exemple un livre de Jordan Bardella, ou des choses comme ça ?


  • Oui, des choses comme ça, à l'encontre de vos principes.


Non, a priori, j'aurais peut-être réfléchi quand même s'il me l'avait proposé, mais non, ça n'aurait aucun intérêt. ça ne me ressemble pas. Si je vois qu'il y a un mec qui est vraiment raciste ou des choses comme ça, j'ai pas du tout envie de publier son livre et je vais pas me forcer. Enfin, il n'y a aucune raison. On ne m'a jamais forcé à faire un truc. Après, des fois, y a des livres où je me laisse entraîner parce que c'est des gens que je connais. C'est des choses qui me ressemblent un peu moins, parfois. Je peux être un peu moins fier... Des livres que je vais un peu moins défendre. Mais il y a 99% des livres que je fais dont je suis à peu près fier. Enfin, c'est quand même le but de ne pas faire des choses qui sont contraires à une certaine éthique ou à des idées. C'est des trucs de base. Mais c'est vrai que s'il y a quelqu'un qui appelle à violer toutes les femmes de Mulhouse et à les immoler, je ne vais pas accepter de publier ça. Déjà, ce n'est pas du tout mes idées. J'ai plutôt envie de publier des livres avec des idées que je trouve correctes. qui font avancer la justice, qui font avancer la liberté, des choses comme ça, ça m'intéresse plus... Après, il peut y avoir des auteurs parfois qui écrivent des choses, qui peuvent choquer des gens... Ça ne me dérange pas par contre. Il peut y avoir des auteurs un peu provocateurs et tout, et ça, je ne vais pas non plus faire de la censure absolue.


Des auteurs qui écrivent des choses qui peuvent choquer... Ça ne me dérange pas.


  • Donc, nous sommes toujours avec Philippe Schweyer, éditeur chez Médiapop. Vous éditez énormément de choses, donc j'ai pu voir que vous vous intéressez aussi aux disques vinyles. Vous avez édité des livres pour faire des témoignages et tout ça. Ma question, c'était pour savoir, est-ce que absolument tout vous intéresse ou est-ce que vous avez quand même des petites préférences, que ce soit l'aspect culturel ou juste, je ne sais pas, la musique ?


En fait, il y a plein de choses qui ne m'intéressent pas du tout, je vous rassure. Alors, c'est vrai qu'au début, je voulais faire des livres autour de la musique. C'était ça mon idée de départ. Et le tout premier livre, c'était avec un musicien mulhousien qui s'appelait Denis Scheubel et Henri Walliser, graveur mulhousien. Et l'idée était de faire un truc dans une collection où je pensais qu'il n'y aurait que des choses autour de la musique.



Et après, très vite, je me suis rendu compte qu'on me proposait des choses qui n'avaient rien à voir avec la musique, mais qui m'intéressaient quand même. Et c'est parti dans tous les sens. Ce n'était pas prévu. En fait, moi, je n'ai rien prévu. Tout s'est fait à la suite de rencontres. Déjà, le fait de monter la maison d'édition, je vous l'ai dit au départ, c'était une suite de rencontres. Si j'avais eu des œillères, je ne ferais que des livres sur la musique et je pense que je me serais vite ennuyé. Je me serais vite lassé de faire toujours le même bouquin. C'est vraiment gonflant. Ce qui est intéressant, c'est tout d'un coup, on fait un livre avec des détenus. Je n'ai jamais eu cette idée. Je vais faire un livre qui parle de cinéma. Je n'ai jamais eu cette idée. Enfin, ça part d'un livre sur des gens, des gamins de la Courneuve qui parlent de leurs grands-parents qui viennent de tous les pays du monde. Enfin, c'est des trucs que je n'avais pas du tout. Même un livre sur un petit enfant en Irak. Tout ça, c'est des choses que je n'avais pas imaginées. Et heureusement que je me suis laissé embarquer là-dedans parce que du coup, ça a été beaucoup plus intéressant. Donc, c'est vraiment les rencontres. Après, j'ai quand même un côté con et je n'aime pas par exemple les mangas, ça ne m'intéresse pas, la new romance ne m'intéresse pas, il y a plein de trucs comme ça, l'heroïc fantasy ne m'intéresse pas, il y a plein de trucs en particulier qui plaisent beaucoup aux jeunes mais dont j'ai vraiment rien à faire moi, je suis un vieux crouton, enfin bref donc je ne vais pas me forcer à faire des mangas même si tout le monde me le dit... Les gens vont me dire, fais des mangas, ça cartonne, tu vas être milliardaire. J'en ai rien à faire des mangas, j'en ai jamais lu un de ma vie. Donc je ne risque pas d'en faire. Il y a plein de choses comme ça qui ne m'intéressent pas du tout. Mais par contre, de temps en temps, je fais des choses qui ne sont pas du tout le genre de bouquin que je lirais a priori. Mais je vois qu'il y a quand même un intérêt à le faire et je vais le faire. En particulier des choses liées à l'histoire de Mulhouse, etc. Comme je suis un des rares éditeurs à Mulhouse, on me propose beaucoup de choses en rapport avec la ville, que j'aime bien. J'en fais. Mais le but c'est surtout pas de faire que des livres sur Mulhouse.


Je suis un vieux croûton, je ne vais pas me forcer à faire des mangas même si tout le monde me dit que je deviendrais milliardaire avec


  • Pourquoi Mulhouse ?


C'est vachement mieux, c'est beaucoup plus facile d'être éditeur à Mulhouse que d'être éditeur à Paris.


  • Parce que vous êtes le seul du coup.


Je suis plus facilement identifiable. En tout cas, je travaille beaucoup avec des gens qui sont à Strasbourg. Et pendant longtemps, ils me disaient : Mais qu'est-ce que tu fous à Mulhouse ? Viens habiter à Strasbourg. Parce que je prenais le train tous les jours pour aller bosser à Strasbourg. Et je leur disais : Mais jamais de la vie. Je trouve que Strasbourg, c'est vraiment une ville morte à côté de Mulhouse. Enfin, ce n'est pas du tout aussi intéressant. Il n'y a pas les mêmes énergies. Donc, Mulhouse, ça me va très bien. Et quand je vais à Paris, de temps en temps, pas si souvent, mais ça m'arrive et que je montre ce que je fais, les gens sont beaucoup plus intéressés. À partir du moment où ils savent que je viens de Mulhouse, ils me regardent comme un extra-terrestre parce que pour eux, c'est pas possible de faire des livres comme ça ou des magazines. En venant de Mulhouse, ils ont des a priori, ils s'imaginent peut-être que tout le monde est des gros ploucs en dehors de Paris. Pour ça, je trouve que c'est beaucoup plus confortable pour moi. Et si j'avais décidé de monter ma maison d'édition dans le sixième arrondissement, où il y a plein d'éditeurs historiques, j'aurais eu l'air d'un gros naze à côté des éditeurs qui sont dans la place. Alors que venant de loin comme ça, je me sens plus dans mon élément. C'est plus facile pour moi.


Je trouve que Strasbourg, c'est vraiment une ville morte à côté de Mulhouse.





  • Avez-vous des ouvrages qui ont été réédités une ou plusieurs fois ?


Oui, ça arrive. Ça n'arrive pas souvent, mais ça arrive. Par exemple, l'un des premiers livres que j'ai sorti qui parlait des îles grecques, qui s'appelait Îles grecques, mon amour. Magnifique, c'était moi qui l'avais trouvé. En fait, j'avais le manuscrit au pied de mon lit et à l'époque, je ne voulais faire que des livres sur la musique. Je me disais mais qu'est-ce que j'en ai vraiment rien à battre des îles grecques. Mais comme le gars me relançait, je me disais, il faut quand même que je lui réponde un jour. Et j'ai commencé à lire et je me suis dit c'est quand même vachement bien écrit ce bouquin, peut-être que ça vaut le coup. Puis il y a un photographe qui s'appelle Bernard Plossu, que j'aime bien, qui a accepté qu'on utilise ses photos pour le bouquin. Et en fait, le livre a bien marché. Il a même eu un prix. Je crois que c'est la seule fois où j'ai eu un prix. C'est le grand prix du livre insulaire à Ouessant. Alors Ouessant, c'est vraiment le point le plus loin pour un Mulhousien. C'est vraiment à l'autre bout du monde, en Bretagne. C'est tout au bout. En fait, même avant d'avoir eu le prix, j'avais déjà réimprimé. En fait, je l'ai réimprimé plusieurs fois. Et je pense qu'il a bien marché parce que ça parle des îles et que parmi les gens qui vont en librairie, il y en a beaucoup qui ont un peu d'argent, qu'on appelle les bobos et qui aiment à la fois les îles et les librairies. Et donc, ça tombait bien parce qu'il n'y avait pas énormément de livres sur les îles. À l'époque, c'est pour vous dire, à quel point je ne suis pas bon dans le marketing et tout. Je n'avais jamais imaginé ça, en fait. Je me suis dit, on va voir ce que ça donne. Et c'est vrai que c'était bien ciblé en fait. Ça correspondait à une demande et du coup, ça a bien marché.


J'en ai vraiment rien à battre des îles grecques



Alors, il y a d'autres livres que je réimprime de temps en temps. Un livre justement de ce photographe, Bernard Plossu, qui s'appelle Far Out! C'est un des tout premiers livres que j'ai sortis. C'est un livre que j'aime beaucoup. C'est sur ces années hippies. C'est des photos à San Francisco, à Goa, en Inde, etc. Et j'en avais imprimé 2000 et j'ai mis 10 ans à les écouler. Au bout de 10 ans, j'en ai réimprimé 2000. Je crois qu'il va me falloir 40 ans pour les écouler. Beaucoup de stock, mais bon. Je suis quand même content de l'avoir réimprimé parce qu'il n'était plus en librairie.





  • Où trouvez-vous vos idées pour vos différents livres ?


Alors, la plupart du temps, je n'ai aucune idée, mais je reçois des manuscrits. J'ai une boîte mail, parce que maintenant, les gens envoient plutôt en PDF. Avant, c'était des manuscrits papiers. Ça arrive encore, et je préfère, parce que je n'arrive pas à lire des PDF sur écran. Je suis trop vieux pour ça. Je n'ai pas les bons yeux...

Je reçois à peu près un manuscrit par jour

Et en tout cas, dans ma boîte mail, j'ai à peu près un manuscrit par jour, ou un peu plus. En plus, ça dépend des périodes. Et je mets hyper longtemps à répondre. Donc, j'ai une boîte mail avec à peu près 250 manuscrits, avec des gens à qui il faudrait que je réponde. La plupart du temps, je ne réponds pas parce que ça me demande trop d'énergie de faire une réponse. Je n'ai pas le temps, je n'ai plus d'argent, ce n'est pas le moment, j'ai déjà trop de livres à lire. Enfin, ce genre de réponse pour être poli, pour ne pas dire aux gens que ça ne m'intéresse pas du tout ce qu'ils font. Ou des fois, je le dis quand même, ça ne correspond pas du tout. Et puis, des fois, il y a des manuscrits qui sont envoyés à 50 éditeurs en même temps, je le vois parce qu'ils laissent les adresses. Là c'est rédhibitoire, je ne regarde même pas, je mets à la poubelle direct, quelqu'un qui ne fait pas l'effort de faire un envoi un peu personnalisé, faisant au moins semblant qu'il a lu tous les livres Médiapop et qu'il aurait vraiment envie de faire partie de la grande famille des livres Médiapop, etc. Donc la première chose c'est des livres qui vont arriver par mail ou poste, mais finalement, c'est une petite partie de ce que j'ai publié. La plupart du temps, c'est plus des rencontres, des gens qui me proposent un projet. Par exemple, le livre sur le basket à Mulhouse, j'ai lu dans le quotidien L'Alsace qu'il était en train de travailler sur un livre sur le basket et j'ai dit à quelqu'un qui le connaissait que ça m'intéresserait et du coup il m'a contacté. Donc là c'était un projet déjà lancé et je me suis manifesté pour dire que ça pourrait m'intéresser. De temps en temps c'est moi qui ai une idée de sujet à proposer à quelqu'un mais c'est assez rare, c'est plutôt des gens qui me proposent. Et il y a aussi beaucoup d'auteurs que j'ai déjà publiés et qui me disent j'ai un nouveau manuscrit. Et là c'est un peu ennuyeux parce que ça m'arrive aussi de refuser et quand on a déjà publié quelqu'un, en général... J'ai plutôt envie de continuer l'aventure et de créer un lien. Par exemple, Philippe Lutz ou Yves Tenret ou d'autres, c'est des gens avec qui j'ai fait 4, 5, 6, 7 livres. Donc il y a une fidélité, c'est l'idéal. Mais une fois qu'on a fait beaucoup de livres, après si tous les auteurs viennent la même année, ils ont tous un nouveau projet, ça devient fou et on est obligé de dire non. Et récemment, j'ai dit non à des auteurs, dont un que j'aime beaucoup, mais son livre, franchement, je trouvais que c'était vraiment trop space. Je comprenais rien. Il y en a un autre, j'avais déjà fait deux livres avec lui et ça n'avait pas trop marché. Le troisième, je ne le trouvais pas génial. Là, je me suis dit, bon, j'arrête les frais. Mais c'était délicat parce qu'il était vexé. Je me suis dit, il va me crever les pneus à ce jour. Est-ce que je ne le publie pas ? C'est un peu délicat. C'est vraiment des situations embarrassantes quand on est obligé de dire non comme ça. Un bon éditeur doit savoir dire non.


Un bon éditeur doit savoir dire non.





  • Il faut avoir un bon mental du coup pour être éditeur ?


Ouais, il faut savoir dire non, et pour les bonnes raisons, ne pas se laisser influencer non plus. Parce qu'on a tendance, s'il y a une jolie fille qui vient, on a plus envie de la recevoir et de dire ouais, je vais te faire ton bouquin. C'est vrai, mais c'est idiot. Mais il y a des choses comme ça, des fois, si les gens ont une bonne tête, on est un peu plus dispo pour l'échange. Après, ça ne veut pas dire qu'on va faire le bouquin, mais en tout cas, il y a une première étape qui est plus facile. Et moi, j'ai envie de lutter contre ça, parce que des fois, il y a des gens qui a priori n'ont pas l'air terribles mais c'est eux qui ont vraiment du talent donc il faut se méfier un peu. Mais je crois quand même à l'intuition et au coup de bol aussi, parce que des fois j'ai fait des choses qui sont arrivées toutes seules, j'avais pas fait grand chose pour mais j'étais juste là pour dire ok je vais le faire et après un coup je me disais ouais c'est quand même cool d'avoir fait ce bouquin, c'est vraiment intéressant etc. Parfois j'ai besoin qu'une fois le bouquin fait, qu'il y a des gens qui en parlent, souvent c'est à ce moment-là que je me rends compte ah ouais c'est pas mal quand même ce livre. Parce que quand on est sur le manuscrit, la relecture et tout, c'est tellement fatigant de relire et c'est tellement épuisant de s'occuper de l'auteur, il y a toujours des demandes pas possibles et il faut le rassurer. Des fois, les auteurs, ça peut être gonflant aussi. Quand ils appellent toutes les cinq minutes. Mais t'es sûr qu'il faut mettre ce titre ? T'es sûr que le papier sera bien ? T'es sûr que l'imprimeur va bien imprimer mon livre ? T'es sûr que ci ? T'es sûr que ça ? S'il y en a 50 en même temps, ça devient fatigant. Autant des fois, c'est super agréable, dans la majorité des cas, mais des fois, il y a des auteurs qui peuvent être un peu lourds, donc il faut arriver à naviguer au milieu de ça.





  • Quels sont les ouvrages qui se sont le mieux vendus ?


Alors, j'ai une très mauvaise mémoire des chiffres, mais il y a un livre de cuisine. En fait, je n'avais vraiment pas envie de faire de livres de cuisine. C'est pour vous montrer comment ça se fait. Et il y a une fille de Strasbourg qui était vraiment à fond. Elle ne me lâchait pas pour faire ce bouquin. Et donc, à un moment donné, j'ai été bête parce que je n'avais tellement pas envie de le faire et je n'y croyais pas. Je lui ai dit OK, mais on va faire un peu différemment. On va partager les bénéfices. Mais on partage aussi les frais, comme ça, tranquille. Le livre s'appelle Déjeuner chez Jojo. Et elle a été invitée sur France Inter dans une émission le dimanche matin, en plein Covid, qui s'appelait On va déguster C'est une émission que tous les gens qui ont de l'argent et font la cuisine écoutent. Elle a été tellement sympa. En une heure, j'ai vendu 2000 livres sur mon site. En fait, le mec qui s'occupe de mon site, il m'a appelé, il n'arrêtait pas de m'appeler. Je me demandais qu'est-ce qu'il veut ? Il croyait qu'il y avait un bug et il ne trouvait pas ça normal, c'était la première fois que je vendais des livres et c'était vraiment un truc de malade heureusement qu'on avait fait un deal avec elle parce que c'est elle qui a envoyé les livres. Parce que moi je n'aurais pas supporté de faire des paquets pendant trois semaines pour envoyer par la poste 2000 livres, donc c'est elle qui a fait tout ça. Les mails des commandes arrivaient chez moi, donc j'étais obligé de lui faire suivre tous les mails. Ça m'a quand même pris deux jours, rien que pour ça. Et là, ce livre, on l'a réimprimé. J'en avais fait 2000 et les 2000 ont été vendus. J'en ai réimprimé 5000 dans l'enthousiasme. Mais je pense qu'il en reste encore 2000 ou 3000 qu'on n'a pas vendu. Parce qu'après, ça s'est calmé direct. C'était vraiment le jour de l'émission. Mais c'était pendant le Covid. Les gens ne pouvaient pas aller en librairie. Donc, ils ont tous appuyé sur le truc. Alors, elle avait dit dans l'émission qu'il fallait acheter le livre chez l'éditeur et tout. Et si je n'avais pas fait cet accord avec elle, j'aurais eu vraiment beaucoup d'argent. Là, j'en ai gagné, mais en fait, comme on a dû payer l'impression des 5000 et que j'ai dû partager les bénéfices, et qu'elle était vraiment trop rigoureuse avec tout ce qu'elle avait dépensé dans les timbres et tout, elle a tout calculé. Du coup, c'était beaucoup moins que ce que j'aurais pu gagner.


En une heure, j'ai vendu 2000 livres en ligne. Le mec qui s'occupe du site n'arrêtait pas de m'appeler. Il croyait qu'il y avait un bug et il ne trouvait pas ça normal, c'était la première fois que je vendais des livres...



Je ne sais plus, il y a quelques livres comme ça qui marchent bien. J'ai fait un livre sur le rock à Besançon. Et l'avantage de ce livre, c'est qu'il coûte assez cher. On a fait une soirée de lancement à la Rodia à Besançon. C'est la salle de concert de Besançon. Et le soir même, c'était des ventes en direct. Il y a eu, je crois, plus de 200 personnes qui ont acheté le bouquin. Donc un bouquin à 30 euros. J'avais gagné 6 ou 8 000 euros direct. Après, il fallait payer l'imprimeur et tout. Mais en direct, comme ça, ça n'arrive pas tous les jours. Donc ça, c'était une très bonne opération pour un livre qui, a priori n'était pas si facile.




Un livre de 496 pages grand format avec plein de textes, plein de photos et tout, ça prend des mois et des mois de travail, de mise en page, de relecture. Il y a tout le travail de l'auteur avant, mais il y a énormément de boulot encore derrière. Donc là, ça peut être très très long. Et à chaque fois que je fais un gros livre comme ça, je me dis que c'est la dernière fois, je ne veux faire plus que des petits livres.


  • Combien de temps prend l'édition d'un ouvrage ?


C'est très variable. Quand c'est un petit livre de 60 pages écrit en gros caractères, ça peut aller assez vite. Il y a tout le temps de la relecture, de la mise en page, de vérifier que tout est bon, de choisir le titre, de choisir la couverture, etc. Mais c'est un boulot quand même, ça va, c'est pas le bagne. Par contre, quand c'est un livre, par exemple le livre sur le basket qui fait 496 pages, grand format avec plein de textes, plein de photos et tout, là ça prend des mois et des mois de travail, de mise en page, de relecture. Il y a tout le travail de l'auteur avant, mais après quand il donne ses textes, il y a énormément de boulot encore derrière. Donc là, ça peut être très très long. Et à chaque fois que je fais un gros livre comme ça, je me dis que c'est la dernière fois, je ne veux faire plus que des petits livres. Et c'est quand même plus cool, les petits bouquins. Donc c'est très très variable. Mais en fait, ça prend toujours beaucoup plus de temps que ce que j'imagine. Parce que toutes les étapes dont j'ai parlé avant, avec les représentants, la promotion, il faut envoyer des infos longtemps à l'avance. Et c'est jamais le bon moment. Et tout d'un coup, on reçoit des mails, il faut envoyer la couverture qui n'est pas prête, il faut envoyer un texte, il faut écrire un texte de présentation du livre, alors ça c'est carrément épuisant. Beaucoup de choses comme ça qui prennent du temps, il faut essayer de faire les choses dans les temps. Parce que si on veut qu'il y ait une bonne promo, on est obligé de donner les infos très longtemps en avance pour que justement il y ait ce travail des commerciaux. Par exemple là, on me tanne pour le programme mars-avril 2025. J'ai déjà dû donner toutes les infos, quels livres je vais sortir en mars, quels livres je vais sortir en avril. Avec la couverture, le petit texte, les mots-clés, les phrases d'accroche, je suis toujours en retard. Et c'est toujours fatigant de faire ça. Mais il faut le faire, au bout d'un moment. Et mieux on le fait, mieux c'est. Les livres, après, il faut les suivre. Il faut s'occuper des ventes aussi, parce que ce que je n'ai pas dit, c'est qu'une fois que le livre est en librairie, c'est là qu'il y a le gros du boulot encore à faire, c'est-à-dire tout le boulot de promotion. Parce que si le livre est en librairie et qu'on ne fait rien, c'est ce qui arrive la plupart du temps, au bout d'un mois, deux mois, trois mois déjà, des fois, il y a des libraires qui n'ont pas vendu le bouquin et qui les renvoient. Donc en fait, moi, ça me coûte de l'argent du coup. Non seulement j'ai payé l'impression, mais en plus, la part du diffuseur-distributeur pour ces livres-là qui ont transité et qui sont revenus chez moi. Donc un livre à 10 euros qui est en librairie et qui revient, ça me coûte 2 euros pour les retours. Il faut vraiment se bouger pour faire en sorte que, quand les livres sont en librairie, il y ait des articles, que les auteurs soient invités à la radio, des choses comme ça, pour que le livre ait une vie, pour qu'il y ait des rencontres. Plus il y a des rencontres, plus on a des chances de vendre les livres.


Plus il y a des rencontres, plus on a des chances de vendre les livres.


  • Donc nous sommes toujours en compagnie de Philippe Schweyer, éditeur chez Mediapop Éditions. Pour finir, nous, on avait une question assez importante, c'est comment pouvons-nous retrouver vos productions ?


J'ai un site internet, donc www.mediapop-édition.fr. C'est un site assez basique, mais tous les livres y sont, et on clique dessus, on va dans un panier, on peut les acheter. C'est moi qui les mets dans l'enveloppe et qui les envoie. Mais sinon, il y a les librairies. En fait, vous allez dans une librairie, vous donnez le titre du livre, vous demandez s'ils ont des livres Mediapop. C'est le plus simple. Après, il y a Amazon, la Fnac, tous ces trucs-là. C'est des ventes en ligne, mais c'est vrai que les libraires, c'est bien.


  • Et sur une touche un peu plus fun, pour finir l'interview, vous avez dit que vous faisiez énormément de musique. Vous vouliez une carrière de musicien, de guitariste. À titre personnel, c'était juste pour savoir quelle était votre marque de guitare favorite.


Fender.


  • Fender ? Ok. Je vous remercie pour le temps que vous nous avez accordé et on vous dit à bientôt.


À bientôt, j'espère, à Colmar du coup. Merci.


  • Merci à vous.




bottom of page